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Portrait : Guillaume Bas, au coeur du challenge associatif

21 Juil 15 | Portraits | 0 commentaires

Pouvez-vous nous présenter votre structure, les services proposés et le poste que vous y occupez ?

Je suis Directeur général de l’association du GPEAJH – APAJH de la Marne (Groupement Pour l’Épanouissement des Adultes et Jeunes Handicapés – Fédération nationale des Associations Pour Adultes et Jeunes Handicapés). Cette association gère quatre Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux dans le champ de la déficience intellectuelle avec ou sans troubles associés : un Institut Médico-Éducatif (IME) de 84 places, un Établissement et Services d’Aide par le Travail (ESAT) de 58 places, un Service d’Éducation Spéciale et de Soins à Domicile (SESSAD) de 20 places, et un Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) de 25 places. L’offre de service de cette association couvre donc à la fois l’accueil institutionnel et l’accompagnement ambulatoire, mais aussi le secteur du handicap enfant et le secteur du handicap adulte. Les deux axes principaux d’accompagnement proposés dans ces établissements et services sont orientés vers la scolarisation et la formation professionnelle, avec en ligne de mire l’insertion en milieu dit « ordinaire » de travail, mais aussi l’insertion sociale, avec en ligne de mire la plus grande autonomie possible dans tous les actes de la vie quotidienne.

Quel est votre parcours ?

J’ai démarré ma carrière professionnelle en 2000, en tant que Professeur des Écoles spécialisé en IME, dans les Ardennes. En 2006, l’Éducation nationale m’a proposé d’enseigner en Unité Localisé d’Inclusion Scolaire (Ulis), dans un collège situé en Zone d’Éducation Prioritaire, où j’ai été confronté au challenge de l’inclusion scolaire alors même que ce concept émergeait tout juste de la Loi du 11 février 2005.

Étant fortement engagé sur la scène associative ardennaise depuis la fin des années 1990, La Ligue de l’Enseignement – Fédération des Ardennes, m’a proposé en septembre 2008 d’assurer la succession de son Directeur historique sur l’établissement même où j’avais démarré ma carrière en tant qu’enseignant. J’ai donc naturellement saisi cette occasion de concilier mes connaissances professionnelles dans le champ du handicap, et mes compétences en matière de développement et de gestion de projets associatifs. J’ai alors eu la chance de suivre une formation de Directeur Éducation nationale en parallèle de cette prise de fonction, à l’INS-HEA de Suresnes. J’y ai obtenu le Diplôme de Directeur d’Établissement d’Enseignement Adapté et Spécialisé (DDEEAS) en 2010.  La Ligue de l’Enseignement m’a alors confié le pilotage d’un projet de fusion administrative des deux IME qu’elle gérait sur le département, projet qui avait été pensé par mon prédécesseur. Cette expérience m’a permis de travailler à la mise en place d’une Direction générale médico-sociale en situation de pilotage multi-sites, jusqu’en août 2012, et à la préparation d’une certification ISO 9001 en matière de démarche qualité. C’est à ce moment-là que l’association du GPEAJH m’a contacté pour me proposer de contribuer à leur projet associatif, consistant également à créer et à structurer une Direction générale multi-sites, sur le bassin rémois. Cette proposition m’a séduit : le GPEAJH gérant un panel d’Établissements et Services Sociaux et médico-Sociaux extrêmement variés et complémentaires, j’ai trouvé-là une occasion de développer de nouvelles compétences dans le champ du handicap adulte que je ne connaissais pas encore.

Quels sont les plus grands challenges de votre mission ?

Conduire le changement… tout en assurant la continuité des valeurs associatives ! Dans le contexte actuel, et face aux enjeux de professionnalisation du secteur associatif, c’est un challenge permanent, que ce soit vis-à-vis des professionnels menant leurs missions au quotidien au sein des organisations, ou aux côtés des administrateurs de l’association qui attendent de ma fonction qu’elle les accompagne en matière de management stratégique de leurs projets.

Un projet en particulier à nous présenter ?

Le projet qui a servi de support à ma formation DEMS est un exemple intéressant, à mon avis. Il consiste à créer un Pôle d’activité rassemblant des fonctions supports et transversales au sein de l’association : Gestion des Ressources Humaines, Comptabilité et gestion financière, Communication interne et externe. En somme, les trois piliers de la fonction de Direction générale au sein de l’association. À ce jour, ces différentes fonctions étaient dispersées dans les différents établissements gérés par le GPEAJH. Cette création a donc pour objectif de mettre en synergie les quatre établissements gérés par l’association en matière de pilotage, de délégations, et de gestion, mais aussi de garantir la visibilité et la cohérence indispensable entre le projet associatif et les projets institutionnels.

Pourquoi avoir choisi la formation DEMS ?

L’inscription du diplôme au RNCP en tant que certification de niveau 1 était un critère important, ma formation initiale n’ayant pas cette caractéristique. Pour autant, ça n’a pas été le seul critère de choix, car beaucoup d’autres formations auraient pu y répondre. J’ai également pris en compte l’organisation de la formation en modules par alternance – qui me semblait compatible avec ma charge de travail -, et les contenus opérationnels particulièrement complémentaires de ceux que j’avais eu l’occasion de suivre dans ma formation initiale à Suresnes. La réputation d’exigence et de rigueur d’Espace Sentein, qui est aujourd’hui un fait reconnu dans mon milieu professionnel, a fait le reste.

Je dois dire que je n’ai pas été déçu, même si la charge de travail aura été conséquente sur les 18 derniers mois. Les contenus de formation m’ont été très utiles, et directement transposables à mon contexte professionnel. La découverte d’autres univers de l’action sociale et médico-sociale a également été un vrai plus, auquel je ne m’attendais pas forcément a priori.

Comment les évolutions du secteur affectent-elles votre métier au quotidien ?

De plusieurs manières.

L’arrivée des nouvelles régions à l’horizon 2016 est un bouleversement majeur dans notre secteur. Elle implique un redécoupage administratif important, et donc un changement majeur en matière de pilotage des Projets Régionaux de Santé. Comme nous n’en sommes qu’à la phase de la préfiguration, la période actuelle est surtout marquée par de grandes incertitudes, et un gel perceptible des processus de décision dans le dialogue de gestion avec les autorités de tarification. La Champagne-Ardenne est fortement impactée dans cette réforme : c’est une région marquée par un grand dynamisme médico-social historique, mais aussi par un morcellement important du nombre d’organismes gestionnaires, et un solde démographique négatif . De ce fait, les enjeux de visibilité et de transparence des projets associatifs sont plus que jamais cruciaux, de même que les projets de rapprochements ou de fusion entre organismes gestionnaires.

Les réformes en cours en matière de droit du travail, et plus particulièrement dans le domaine de la formation professionnelle ont également un fort impact dans notre secteur. Les associations à but non-lucratif font face à un enjeu de taille dans ce contexte. Il leur faut naturellement rester en conformité avec le Code du Travail, et donc jouer pleinement leur rôle d’employeur, mais aussi s’assurer qu’elles pourront mener à bien les missions pour lesquelles elles ont été autorisées à gérer des Établissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux, dans le respect des droits de leurs usagers. Le cadre conventionnel historique est appelé à bouger, et on sent de grandes inquiétudes chez les professionnels à ce sujet, car c’est tout un ensemble de repères fortement ancrés dans le dialogue social qui est amené à évoluer. Pour les associations gestionnaires, un haut niveau de compétences en matière de management des organisations est plus que jamais crucial pour relever ces défis.

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